Le nouveau style de vie.


Voilà les dix-sept mois depuis notre arrivée ici au Congo. On a commencé d’abord par l’apprentissage de la langue française, et maintenant on est plongé dans les études théologiques. De nos jours, toutes les choses se déroulent comme il le faut. Dehors, les oiseaux chantent avec joie, les feuilles chutent sur les arbres tranquillement, et… Généralement, il fait beau et il y a l’ambiance de bien réfléchir. C’est grâce à cela que mon esprit est revenu au Kenya, précisément à Sagana où parmi les 19 novices, on a fait la première profession religieuse en 2009.

Dans le poème Georgics par Publius Vergilius Maro, on dit « Tempus fugit ». Cela se traduit : le temps vole. C’est vrai que le temps passe très vite. Surtout quand il fait très beau sans beaucoup de problèmes. Et cela marque la présence du changement dans le monde. On voit la nuit tomber lentement, et après quelques heures, c’est l’aurore. Un autre jour avec des activités nouvelles. Ça peut passer même sans savoir, sans se rendre compte qu’il y avait un changement d’heure.

Certains philosophes dont Héraclite qui est très connu comme le père de tous les philosophes du devenir, ont retenu que le changement en soi était réel. D’après ce père, il n’y a de réel que le changement. Aussi, il nous a donné un exemple de quelqu’un qui traverse une rivière avec de l’eau qui coule, mais il n’y marchera qu’une seule fois. Impossible, non ! C’est évident qu’il y avait d’autres qui s’y sont opposés.

Oui, il y a la possibilité de changer. Le temps, les choses, les événements, ainsi que les personnes changent.

Si c’est vrai qu’il y a du changement et que les choses évoluent, alors, quel changement devrons-nous nous apporter? Serait-il au niveau physique ou au niveau spirituel? Voilà les questions.

Depuis qu’on a fait les vœux, c’est vrai que nous nous sommes beaucoup transformés. Certes, nous avons changé de temps et aussi de lieu où nous étions lorsqu’on a fait les vœux. On sait déjà qu’on est partout dans nos maisons de formation dans les trois continents du monde et qu’on suit très bien la formation dans nos communautés.

Quand nous sommes arrivés ici au Congo, le 19 novembre 2009, on nous a accueillis chaleureusement. On a aussi rencontré nos confrères, les missionnaires de la Consolata, qu’on ne se connaissait pas auparavant et c’était magnifique. Nos manières de voir le monde aussi ont changé. À noter également est que les gens nous disent maintenant que nous avons même grossi. Bon ! C’est normal. C’est ainsi qu’on blague parfois que cela est un signe positif de vocation. Ça c’est discutable…

Mais ce qui compte beaucoup c’est la transformation spirituelle. La progression, la marche, le pèlerinage vers l’intérieur de nos vies, là où l’esprit reste. C’est un engagement qui demeure toute la vie. Même si parfois on oublie ce cheminement et on reste perdu dans le monde matériel, on ne devrait pas être découragé. Au contraire, cela doit nous encourager.

Ce qui nous caractérise, c’est-à-dire nos propres êtres avec nos forces et nos limites, sont des attitudes fondamentales qui doivent nous aider à accepter les autres valeurs qu’on acquiert au cours de notre parcours dans la vie. Ce sont ces choix que nous prenons chaque jour qui font que les autres voir qu’on a beaucoup changé. Notamment quand ils bouleversent nos cœurs.

Il est difficile de nous connaître tel que nous sommes surtout quand on est dans un nouvel endroit. On y se trouve parmi les valeurs, les cultures, les personnes, et les bonnes choses qui frappent le cœur et qui nous appellent à les accueillir même si l’on risque de se perdre. Tantôt on se perd, tantôt on se retrouve. Les Bathioko de l’Angola ont le proverbe qui dit, ‘Traverse le lac et tu pourras changer tes habitudes’.

Que nous soyons disponibles pour se transformer jour après jour vers le bien.


(cet article est déjà publié dans : Nouvelle Congo. une revue de missionnaires de la Consolata.)