La société moderne appelée à l’obéissance



Le grand historien anglais Arnold Toynbee avait constaté que « le principe d’obéissance est incontestablement un des principes fondamentaux qui régissait la société chrétienne occidentale au moyen âge ». Grâce à ce principe, cette societé chrétienne de moyen âge était stable.

Cependant, on assiste aujourd’hui et surtout chez les jeunes gens  à une répudiation de ce principe d’obéissance. Or, toutes créatures sont éternellement appelées à l’obéissance. Car elles sont placées dans un ordre tel qu’il a été voulu par Dieu.

Deux ordres caractérisent cet appel permanent à l’obéissance. 

Primo, l’ordre cosmique qui est une hiérarchie naturelle des êtres créés par Dieu.  Quelques textes du livre de Genèse nous racontent qu’YHWH crée par la parole et par les gestes, et la création Lui obéit. Par exemple, «Que la lumiere soit ! Et la lumiere fut » (Gn. 1, 3). Cette action créatrice et ordonnée trouve son accomplissement du fait que la lumiere lui obéit ainsi que toutes les créatures. 

Secundo, l’ordre social qui est une hiérarchie parmi les hommes créé par l’homme lui-même. La soumission à cet ordre social est fondée sur la raison humaine. Elle doit finalement être connue, voulue et finalement  aimé. Pour que l’homme en arrive, il doit suivre une formation humaine et spirituelle.

L’obéissance, c'est-à-dire la soumission à ces ordres est un fruit de la foi. Elle est la servitude totale à la volonté divine, qui fait partie de trois conseils évangéliques. Cette « adhésion libre au dessein de Dieu encore informé dans le mystère mais proposé par la parole à la foi, permet à l’homme de faire de sa vie un service de Dieu et d’entrer dans sa joie ». 

Il ne s’agit donc pas d’une soumission d’esclave, mais plutôt une démarche d’amour qui s’achève en Jésus Christ. Elle aide donc l’homme croyant à bien suivre le Christ pour son salut.

Au début de l’évangile selon St. Luc, l’écriture sainte nous présente une autre image de l’obéissance. Celle de la Vierge Marie qui se déclare, « la servante du Seigneur » (Lc. 1, 38a). Ailleurs, dans l’évangile selon St Jean, la servitude et l’obéissance de Marie s’expriment mieux quand elle dit, « quoi qu’il vous dise, faites-le » (Jn. 2, 5).

St. Paul ajoute la valeur chrétienne à l’obéissance en parlant de la mort de Jésus Christ comme l’acte d’obéissance au Père (cf. Phil. 2, 5-8).  Le Christ a choisi l’abaissement par l’obéissance à la volonté de son Père. Il s’est anéanti auprès du Père par l’obéissance pour lui rendre gloire.

Dans la plus part de l’Ancien Alliance, l’obéissance à la puissance divine provoquait la crainte. Cette crainte religieuse se traduisait par l’adoration devant les manifestations divines. Tandis que dans la Nouvelle Alliance, l’obéissance est achevée par la loi d’amour. Cette loi d’amour se manifeste dans une confiance en Dieu qui nous assure de ne plus craindre. (cf. Lc. 1, 13-30 et Mc. 6, 50).

Le dernier Concile de l’Eglise Catholique donne une perspective eschatologique de l’obéissance. Il tient que l’obéissance chrétienne est une anticipation à la vie future selon la charité que le Seigneur vit dans la splendeur de sa gloire. (cf. Lumen Gentium, n° 42)

Par l’hiérarchie ecclésiale, qui tombe dans l’ordre social, le Vatican II donne une opportunité pour tous les croyants d’ « offrir directement à Dieu l’entière soumission de sa volonté personnelle, comme sacrifice de soi. » (Perfectae Caritatis n° 14)

Pour rentrer au constat historique d’Arnold Toynbee, aujourd’hui, l’homme croyant doit convertir le monde par son obéissance à son Dieu et à l’autorité humaine. Son obéissance doit être éclairée par sa foi religieuse. Jésus est venu par l’obéissance de nous faire rentrer chez le Père. Par la même obéissance nous retrouverions notre bonheur en Dieu à travers notre vie terrestre. 

Cette loi de croissance où la vertu de l’obéissance ne doit croitre que l’âme des chrétiennes, mais elle doit aussi et surtout croitre les chrétiennes dans la vie sociale de chaque jour. Elle ouvre une nouvelle étape de l’obéissance surnaturelle qui est une œuvre de la foi. La répudiation du principe d’obéissance n’est-elle pas donc une des causes de notre présent malheur social ?